Habitants de Belsunce et des alentours de la Porte d’Aix, associations, artisans et créateurs résidents de Coco Velten : quels désirs communs ? 16/3/2019

2019-02-25 09.02.48

Pensons le matin invite les acteurs du quartier et les différentes parties prenantes de Coco Velten à venir échanger sur la coproduction des actions qui peuvent naître de cette opération d’urbanisme temporaire. Durant ces trois ans à venir, l’idée ne serait pas seulement de faire, mais de savoir comment faire,  pour qui et pourquoi. Et de réfléchir dès maintenant, non pas à une « gouvernance » proposée par un dispositif venu d’en haut, mais à un mode de voisinage dynamique qui se nourrisse des désirs/expériences/savoir faire des acteurs déjà impliqués dans la vie du quartier. Que va-t-on faire des expérimentations de Coco Velten, au-delà de son passage temporaire ? L’objectif est d’ouvrir le dialogue du point de vue du quartier et de ses acteurs.

Le public était nombreux (environ 70-80), avec des têtes nouvelles, des acteurs de milieux divers (opérateurs culturels, étudiants de la fac de sciences éco (halle Puget), habitants du quartier, acteurs de Belsunce (T. de l’œuvre), membres du CIQ…

L’introduction de Bernard Organini (Pourquoi PLM s’intéresse a Coco Velten) a clairement posé la place de PLM dans le périmètre de Belsunce, et ouvert la voix à un dialogue. La rencontre a eu lieu de manière apaisée : pas trop de critiques, pas de revendications intempestives. Nicolas Détrie (directeur de Yes we camp) a eu le temps de dérouler son argumentaire pour présenter les différents aspects de Coco Velten (CV) : l’historique (Les Grands Voisins), le montage et les partenaires institutionnels, les données financières, l’esprit de Yes we camp (YWC,) etc.

Toutes les questions qui pouvaient fâcher ont été laissées sous le tapis. La séance a surtout été informative. Elle a permis une rencontre élargie des personnes intéressées au projet (CV) avec le directeur de Yes We camp, accueillie par le CCO Bernard Dubois, acteur historique du quartier, situé dans le même îlot que CV. Le décor est officiellement posé ; la séance s’est poursuivie par une visite guidée par Nicolas Détrie sur le site de CV. Tous ceux qui ne connaissaient pas encore CV ont pu se rendre compte de l’état du projet et de ses enjeux. Nicolas Détrie s’est montré passionné, enthousiaste, convaincant. Il y a de quoi : c’est un « beau projet » dont il assure la médiation à merveille. Plusieurs questions restent néanmoins en suspens et peuvent faire l’objet de nos prochains débats :

    • La question de la temporalité : le nomadisme peut paraître bohème, séduisant, mais à qui profite-t-il ? Quels sont les aspects sonnants et trébuchants de ces formes de spéculations urbaines ?
    • Que penser de l’aspect temporaire de l’aide sociale (hébergement, réinsertion des prisonniers etc.) ? Les lignes de crédit ouvertes pour financer l’hébergement d’urgence sont-elles calquées sur la temporalité nomade ? Ou peuvent-elles laisser présager une poursuite effective des dispositifs ?
    • Marie Lafond, architecte, souhaite approfondir le questionnement ayant trait à la vision de l’architecture transmise ce matin-là par Nicolas Détrie et soumettre d’autres approches plus globales.
    • Bernard Organini et le Tamis ouvrent un chantier d’observation des espaces publics proches de CV. Quelles hypothèses et pistes de recherche ?

C’est en quelque sorte un collectif composé de gens d’origines très diverses qui s’est réuni dans cette séance de Pensons le Matin. La question est de savoir quelles idées forces, quels concepts nous pourrions forger pour penser ce type de dispositifs. Sinon, nous serions condamnés à utiliser le mot « projet » en boucle ! dit Christophe Apprill.

Pistes à creuser pour le prochain débat :

  • Une séance sur la question de la temporalité (« des projets en mode projet ») ; quels sont les liens entre le temporaire et le précaire ? Quels sont, en terme d’intérêt général, les atouts de cette forme d’urbanisme temporaire ? Qui choisirait de confier ses enfants à une école temporaire ? Ses parents malades à un dispensaire temporaire ? Les mêmes vieillissants à une maison de retraite temporaire ? Quels sont les acteurs qui instaurent cette temporalité, qui peut être synonyme de précarité ? Ces nouveaux urbanistes, pourrait-on les qualifier de médiateurs plutôt que d’urbanistes ?
  • La question de l’évaluation. « Pour évaluer un projet, rappelle Jean-Marc Lauret (L’art fait-il grandir l’enfant ? Éditions l’Attribut, 2014 : 29), il faut interroger les valeurs qu’incarnent une politique, un dispositif… » N. Détrie semble embarrassé face à la question d’une évaluation qui émanerait de la demande des collectivités territoriales, de l’État, des entreprises du bâtiment (Bouygues, De Vinci…). « Il n’existe pas à ma connaissance d’évaluation des Grands voisins. Cette question serait un moyen pour poser en amont la question des valeurs », dit Christophe Apprill.
  • N. Détrie a rappelé un aspect de leur fonctionnement qui mérite attention : leur capacité d’autofinancement (produire 400,000 euros de budget sur un total de 600,000) leur confère « une autonomie ». Mais dans ce dispositif, qu’en est-il du financement du volet social (Hébergement social du Groupe SOS) ? Ne pourrions-nous pas, partant de cela, ouvrir une discussion autour des valeurs, des idées, des objectifs : comme le rappelait Pierre-Alain Cardona, quel est le sens de ce projet ? où nous conduit-il ?

Intervenants
– Acteurs du quartiers de Belsunce
– Nicolas Detries, directeur Yes We Camp
Bernard Organini, PLM


Infos pratiques

Centre social Bernard Du Bois, 16 rue Bernard Du Bois, 13001 Marseille. Samedi 16 mars, 10h

 




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